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Die Dublin-Ausschaffungen nach Kroatien gehen trotz Kritik weiter. Gestern wurde Charles (Name geändert) per Sonderflug von Zürich nach Zagreb/Kroatien ausgeschafft.
Charles erzählt uns am Telefon:
“Ich wurde an Händen und Füßen gefesselt, als wäre ich ein Terrorist. Im Flugzeug war ich ganz allein mit acht Polizisten. Bis zu diesem Tag hatte ich Angst, Widerstand zu leisten und meine Meinung zu sagen. Jetzt, nachdem ich gesehen hatte, was die Schweizer Demokratie bedeutet, von der ich in meinem Heimatland gehört hatte, habe ich überhaupt keine Angst mehr, etwas zu sagen”.
Charles ist wütend. Er sass seit dem 8. März in Administrativhaft. Wie vielen anderen drohte ihm die Ausschaffung nach Kroatien. Die Angst verschlechtert seinen psychischen und physischen Zustand täglich. Er leidet unter starken Suizidgedanken und muss medikamentös behandelt werden. Charles wurde in Kroatien Opfer von illegalen Pushbacks. Er wurde von der kroatischen Polizei misshandelt. Die Polizei hat ihn getreten und mit einem Schlagstock geschlagen, während er längere Zeit auf dem Bauch lag. Von einen der Schläge auf das Ohr leidet er seitdem unter Schmerzen und Tinnitus. Charles wurde gezwungen, seine Fingerabdrücke abzugeben. Er bekam viele Stunden lang nichts zu essen und zu trinken, sein Telefon wurde ihm weggenommen und vor seinen Augen zerstört. Immer wieder wurde er rassistisch beschimpft.
Das Beispiel Charles zeigt, wie entmenschlichend die aktuelle Dublin-Praxis ist. Personen, die über Kroatien in die Schweiz geflohen sind, werden weiterhin nach unter Berufung auf die Dublin-Verordnung nach Kroatien ausgeschafft. Doch die Kritik an den Dublin-Kroatien-Ausschaffungen wächst. Die SFH äussert in einem neuen Bericht starke Bedenken und in den Kantonen Waadt, Genf und Bern fordern Parlamentarier*innen, dass Kantone auf die Durchführung von Dublin-Kroatien-Ausschaffungen verzichten.
Bislang zeigen Baume-Schneider, SEM und BVGer Härte: Kroatien sei ein Rechtsstaat, Rückführungen zulässig, eine Anwendung der Dublin-Souveränitätsklausel nicht nötig. Das Interesse der Behörden an einer Dublin-Ausschaffung wird schlicht stärker gewichtet als seine persönliche Not und sein Bedürfnis nach Schutz und Sicherheit. Die Börden wären jederzeit frei, das im Dublin-Abkommen verankerte Selbsteintrittsrecht (Souveränitätsklausel) zu nutzen. Bösartig weigern sie sich, diese Asylgesuche in der Schweiz zu bearbeiten.
Trop tard ! Charles a été expulsé vers la Croatie
Hier, Charles (nom modifié) a été renvoyé en Croatie par vol spécial. Après un transfert de la prison de Frambois au poste de police de la Blécherette hier, Charles a été emmené à l’aéroport de Zurich à 3h ce matin et est arrivé à Zagreb dans l’après-midi. Il nous raconte au téléphone :
«On m’a menotté aux pieds et aux mains comme si j’étais un terroriste. Dans l’avion, j’étais tout seul avec 8 policiers. Jusqu’à ce jour, j’avais peur de résister et de dire ce que j’avais sur le cœur. Désormais, après avoir vu ce que ça signifie la démocratie suisse dont j’entendais parler dans mon pays, je n’ai plus du tout peur de parler».
Charles est en colère. Il était en détention administrative depuis le 8 mars. Comme beaucoup d’autres, il est menacé d’expulsion vers la Croatie. La peur détériore chaque jour son état psychique et physique. Il souffre de fortes pensées suicidaires et doit suivre un traitement médicamenteux. Charles a été victime de pushbacks illégaux en Croatie. Il a été maltraité par la police croate. La police lui a donné des coups de pied et de matraque alors qu’il était allongé sur le ventre pendant une longue période. Suite à l’un des coups portés à l’oreille, il souffre depuis de douleurs et d’acouphènes. Charles a été forcé de donner ses empreintes digitales. Il a été privé de nourriture et de boisson pendant de nombreuses heures, son téléphone lui a été retiré et détruit sous ses yeux. Il a été victime d’insultes racistes à plusieurs reprises.
L’exemple de Charles montre à quel point la pratique actuelle de Dublin est déshumanisante. Les personnes qui ont fui en Suisse via la Croatie continuent d’y être renvoyées en vertu du règlement Dublin. Mais les critiques à l’encontre des renvois Dublin-Croatie se multiplient. L’OSAR exprime de fortes réserves dans un nouveau rapport et dans les cantons de Vaud, Genève et Berne, des parlementaires* demandent que les cantons renoncent à effectuer des renvois Dublin-Croatie.
Jusqu’à présent, Baume-Schneider, le SEM et le TAF font toutefois preuve de fermeté : la Croatie respecterait les principes de l’État de droit, les renvois sont acceptables et l’application de la clause de souveraineté Dublin ne serait pas nécessaire. L’intérêt des autorités à un renvoi Dublin est tout simplement plus grand que sa détresse personnelle et son besoin de protection et de sécurité. Les autorités seraient libres à tout moment de faire usage de son droit de prise en charge volontaire (clause de souveraineté) ancré dans l’accord de Dublin III. Cruellement, elles refusent de traiter ces demandes d’asile en Suisse.
L’exemple de Charles montre combien il est urgent de résister.