“Wir alle haben schmerzhafte Erinnerungen und sie kommen immer wieder zurück, sie gehen nicht weg”

Demo gegen Dublin-Ausschaffungen: 4. Februar 2023 | Bundesplatz | Bern

///français ci-dessous///Amina, Innocent und ihr Neffe Gabriel (14) reisten diesen Sommer mit einer anderen Familie, bestehend aus einer Mutter und ihren drei minderjährigen Kindern, von denen eines drei Jahre alt ist, aus Burundi aus. In Kroatien erlebten sie Schlimmes. Trotzdem will das Staatssekretariat für Migration, dass sie nach Kroatien ausgeschafft werden.

“Die Polizei hielt uns an, als wir die Grenze zwischen Kroatien und Slowenien überqueren wollten. Wir mussten durch ein Maisfeld und über einen Fluss gehen. Die Nachbar*innen sahen uns und zeigten uns an. Die Polizei kam mit einem Auto, alle Lichter und die Sirene waren eingeschaltet. Es war sehr laut. Wir versteckten uns im Mais und die Polizei ließ die Hunde los. Sie schossen dreimal mit einer Pistole. Eine Frau, die mit uns war, schrie vor Angst.  In diesem Moment kamen wir alle aus dem Feld. Wir erklärten, dass wir durch das Land fuhren und nicht in Kroatien um Asyl bitten wollten. Es war etwa 21:30 Uhr. Die Polizei begann, meinen Mann zu knüppeln und auf ihn einzutreten. Sie beschuldigten ihn, der Schlepper zu sein. Die Polizist*innen verhörten uns und drohten uns, uns nach Burundi zurückzuschicken. Sie verfrachteten uns ins Auto, mein Mann wurde in den Kofferraum gesperrt. Sie haben uns nicht gesagt, wohin wir fahren sollen.  Die Fahrt dauerte ungefähr eine Stunde. Schließlich brachten sie uns in einen leeren Raum mit Stroh auf dem Boden zum Schlafen. Wir hatten einen Rucksack mit einem Minimum an Essen und Getränken sowie Geld, etwa 240 €. Die Polizist*innen nahmen uns alles weg. Sie verweigerten uns das Essen, selbst der dreijährige Junge bekam nichts. Sie nahmen uns die Fingerabdrücke ab: Wir dachten, es sei für Interpol oder für Polizeikontrollen, aber stattdessen war es für EURODAC. Wir wussten es nicht, sie sagten uns nichts. Erst gegen 4 Uhr morgens gaben sie uns Kekse.

Am nächsten Tag brachten sie uns zu einem Zentrum in Zagreb, wo wir registriert wurden. Wir durften zu Mittag essen. Dann gaben sie uns unsere Handys zurück, aber nicht das Geld. Am Abend wurde uns das Essen vorenthalten. Wir sind rausgegangen, um etwas zu essen zu kaufen, aber sie haben uns wegen unserer Hautfarbe nicht in die Geschäfte gelassen. In Kroatien blieben die Menschen auf der Straße stehen, um unsere Hautfarbe zu beobachten, uns anzuschauen und über uns zu reden. Am nächsten Tag kamen vermummte Personen in das Zentrum; im Flur waren mindestens fünf Personen und drei brachen unsere Tür auf, sie stießen Gabriel an, der daraufhin stürzte. Sie beschuldigten uns, Drogen zu besitzen, obwohl sie uns zuvor durchsucht hatten. Sie beschuldigten meinen Mann, ein böser Mensch zu sein; das lag an seinen Tätowierungen. Am nächsten Tag erfuhren wir, dass wir eine Karte zum Essen brauchten, also gingen wir los, um sie zu holen. Wir erkundigten uns, ob auch andere Menschen den aggressiven Besuch der Vermummten erlebt hatten. Niemand von den anderen hatte so etwas erlebt!

Als wir in unser Zimmer zurückkehren wollten, stellten wir fest, dass die Karten gesperrt waren und wir keinen Zugang mehr zu unserem Zimmer hatten. Die Nachbar*innen gaben uns zu verstehen, dass die Rezeption uns sehen wollte. Mein Mann und ich warteten dort vier Stunden lang. Zwei Frauen boten uns an, hier Asyl zu beantragen, in Kroatien zu bleiben, die Behörden würden uns ein Haus, Geld, Sozialhilfe … geben, wir würden noch weitere Entschädigungen erhalten. Vor allem aber durften wir nicht über die Gewalt und die Beschuldigungen sprechen, die wir erlitten hatten. Ich schlug den Damen vor, mit uns ins Krankenhaus zu fahren, um Bluttests zu machen und unsere Unschuld zu beweisen. Sie lehnten ab und sagten, dass alles in Ordnung sei. Sie stellten uns viele Fragen zu unserem Werdegang und forderten uns auf, eine Aussage über die Gründe für unsere Abreise aus Burundi zu machen, mit der Drohung, dass sie uns sonst zurückschicken würden. Wir unterzeichneten also einige Dokumente. Sie sagten, sie wollten Informationen einholen und sich von einem Anwalt überprüfen lassen. Das würde ein oder zwei Tage dauern. In der Nacht machten wir uns alle sieben auf die Flucht und überquerten die Grenze. Das war einfach! 

Im Zentrum ging mein Mann in die Krankenstation, weil er immer noch Schmerzen, Hämatome und Schwellungen von den Schlägen hat.  Bis heute ist er noch nicht geheilt. Obwohl er seit zwei Wochen behandelt wird, will er eine richtige Kontrolle, weil er Angst vor bleibenden Schäden hat. Er hat immer noch keine*n Ärzt*in gesehen.  Gabriel und ich haben psychische Probleme. Ich habe die Caritas gebeten, mit einer*m Psycholog*in sprechen zu dürfen, aber ich warte immer noch. Wir alle haben schmerzhafte Erinnerungen und sie kommen immer wieder zurück, sie gehen nicht weg.


“On a tous des souvenirs douloureux, et ils reviennent encore et encore, ils ne partent pas”

Amina, Innocent et leur neveu Gabriel (14 ans) sont partis du Burundi cet été avec une autre famille composée d’une mère et des ses trois enfants mineurs, dont un de trois ans. Ils ont vécu le pire en Croatie. Malgré cela, le Secrétariat d’Etat aux migrations veut qu’ils soient expulsés vers la Croatie.

La police nous a arrêtés au moment de passer la frontière entre la Croatie et Slovénie. Nous devions traverser par un champ de maïs et franchir une rivière. Les voisins nous ont vus, ils nous ont dénoncés. La police est arrivée avec une voiture, tous les feux et la sirène allumés etc. Ça faisait beaucoup de bruit. Nous étions cachés dans le maïs et la police a lâché les chiens, ils ont tiré trois fois avec un pistolet. La femme avec nous a crié de peur.  À ce moment-là, on est tous sortis du champ. On a expliqué qu’on traversait le pays, qu’on ne voulait pas demander l’asile en Croatie. C’était 21h30 environ. La police a commencé à matraquer mon mari, à lui jeter des coups de pied. Ils l’ont accusé d’être le passeur. Les policiers nous ont interrogés et nous ont menacés de nous renvoyer au Burundi. Ils nous ont embarqués dans la voiture, mon mari enfermé dans le coffre. Ils ne nous ont pas dit la destination.  Le voyage a duré environ 1 h. Finalement, on est arrivé dans une salle vide avec de la paille sur le sol pour dormir. On avait un sac à dos avec un minimum de nourriture et de boisson, ainsi que de l’argent, environ 240 €. Les policiers nous ont tout pris. Ils nous ont privés de nourriture, même le petit de 3 ans n’a rien eu. Ils nous ont pris les empreintes digitales : on a pensé que c’était pour Interpol ou pour des contrôles de police, mais au lieu de cela, c’était pour EURODAC, on ne le savait pas, ils ne nous ont rien dit. C’est seulement vers 4h du matin qu’ils nous ont donné des biscuits.

Le jour après, ils nous ont amenés à un centre de Zagreb où ils nous ont enregistrés. On a pu manger à midi. Et là, ils nous ont rendu nos téléphones, mais pas l’argent. Le soir, on a été privé de nourriture. Nous sommes sortis pour aller acheter de quoi manger, mais on ne nous a pas laissé entrer dans les magasins, à cause de la couleur de notre peau. En Croatie, les gens s’arrêtaient dans la rue pour observer notre couleur de peau, pour nous regarder et parler de nous. Le jour suivant, des personnes cagoulées sont arrivées au centre ; dans le couloir, il y avait au moins 5 personnes, et 3 ont forcé notre porte, elles ont bousculé Gabriel qui est tombé. Elles nous ont accusés de posséder de la drogue, alors qu’ils nous avaient fouillés auparavant. Elles ont accusé mon mari d’être une personne maléfique ; c’était à cause de ses tatouages. Le lendemain, nous avons appris qu’il fallait une carte pour manger, nous sommes allés la chercher. Nous avons cherché à savoir si d’autres personnes avaient subi la visite agressive des personnes cagoulées. Personne n’avait vécu ça ! En retournant dans notre chambre, on a découvert que les cartes étaient bloquées, on n’avait plus accès à notre chambre. Les voisins nous ont fait comprendre que la réception voulait nous voir. Mon mari et moi sommes restés là pendant 4 h. Deux femmes nous ont proposé de demander l’asile ici, de rester en Croatie, les autorités nous donneraient une maison, de l’argent, l’aide sociale… nous recevrions encore d’autres dédommagements. Mais surtout, nous ne devions pas parler des violences, ni des accusations subies. J’ai proposé aux dames de nous emmener à l’hôpital pour faire des analyses de sang, pour prouver notre innocence.  Elles ont refusé en disant que tout était ok. Elles nous ont posé beaucoup de questions sur notre parcours, elles nous ont demandé de faire une déposition sur les raisons de notre départ du Burundi, avec la menace que si nous ne le faisions pas, elles nous renverraient au pays. Nous avons donc signé des documents. Elles ont dit vouloir chercher des infos et des vérifications auprès d’un avocat. Cela prendrait un jour ou deux. Pendant la nuit, tous les 7, nous avons pris la fuite et avons passé la frontière. Ça été facile ! 

Au centre, mon mari est allé à l’infirmerie parce qu’il a encore des douleurs, des hématomes et des enflures à cause des passages à tabac.  Aujourd’hui, il n’est toujours pas guéri. Malgré les soins reçus depuis deux semaines, il veut un vrai contrôle car il a peur de séquelles irrémédiables. Il n’a toujours pas vu le médecin.  Gabriel et moi avons des problèmes psychologiques, j’ai demandé à Caritas de pouvoir parler avec un psychologue, mais j’attends toujours. On a tous des souvenirs douloureux, et ils reviennent encore et encore, ils ne partent pas.