„Wir konnten kaum atmen“ – Dublin-Kroatien-Abschiebungen stoppen

///français ci-dessous/// „Das, wovor ich in Burundi geflohen bin, habe ich in diesem Land wiedergefunden. Es ist, als würde man jemanden zurück in den Tod schicken“, sagt T. in einem Bericht über ihre Erfahrungen in Kroatien (siehe unten). In Kroatien erlebte T. unmenschliche Behandlung durch die Polizei. Trotzdem will das Staatssekretariat für Migration sie dorthin abschieben. „Kroatien ist ein Rechtsstaat mit funktionierendem Justizsystem. Sollten Sie sich durch kroatische Behörden ungerecht oder rechtswidrig behandelt fühlen, können Sie sich mit einer Beschwerde an die zuständige Stelle wenden“ schreibt das SEM in den Negativentscheidungen.

Ich flog von Burundi nach Serbien, weil es möglich ist, ohne Visum nach Serbien zu reisen und dort zwei Monate zu bleiben. Ich wollte in die Schweiz kommen… ein Land, in dem die Menschenrechte geachtet werden und in dem meine Sprache, Französisch, gesprochen wird. Als Tutsi floh ich vor der Verfolgung, die wir bis heute von der Hutu-Mehrheit erleiden. In Burundi hat nur die Mehrheit das Wort; es gibt keine unabhängigen Radiosender mehr. Wenn du in der Opposition bist, riskierst du dein Leben.

Der Schlepper, den wir in Belgrad gefunden hatten, liess uns mit einem Bus zur bosnischen Grenze fahren. Danach machte sich unsere Gruppe von 20 bis 30 Personen auf den Weg und marschierte ungefähr zwei Tage lang bis zur Grenze mit Kroatien. Dort wurden wir von kroatischen Polizisten angehalten, die uns mit ihren Pistolen bedrohten, ihre Hunde auf uns hetzten und uns mit Tritten traktierten. Sie zwangen uns, in einen Lieferwagen zu steigen, in dem wir dicht gedrängt sassen. Wir konnten kaum atmen. Es war heiss, die Sonne knallte… ein Albtraum. Wir hatten nichts zu trinken und als wir nach Wasser fragten, schütteten sie es uns ins Gesicht. Die Polizisten nahmen uns unsere Handys weg und jagten uns in einen Wald, schlugen uns und schossen sogar mit ihren Pistolen, direkt neben unseren Köpfen. Wir verlangten unsere Telefone, um uns orientieren zu können… Aber sie gaben sie uns nicht zurück. Einer meiner Freunde wurde von einem Hund gejagt und fiel in den Fluss. Er ist gestorben. Andere wurden verprügelt und verletzt. Im Wald haben wir geschlafen und sind gelaufen. Am Morgen hatten wir Durst und liefen los, um zu versuchen, eine Strasse zu finden. Wir konnten eine Strasse sehen, aber wir wussten nicht, wohin sie führte. Es gab kein Wasser und kein Essen. Der Schlepper war weg. Wir folgten der Strasse und plötzlich kam ein Polizeiauto. Die Polizisten warfen uns auf den Boden und warfen unsere Taschen weit weg. Frauen, Kinder, alle… Sie steckten uns in einen Lieferwagen, der wie ein Container aussah. Wir waren wie Tiere zusammengepfercht. Es war ganz dunkel, es gab keine Luft, es war sehr schwer zu atmen. Ich wurde ohnmächtig. Die Polizisten lachten und machten sich über mich lustig. Sie brachten uns zu einer Polizeistation. Sie sperrten uns ein und wir blieben 24 Stunden dort. Wir schliefen auf dem Boden. Ob man das Recht bekam, auf die Toilette zu gehen, war total willkürlich. Wir waren 30-40 Personen. Sie nahmen unsere Fingerabdrücke und gaben uns Papiere, die auf Kroatisch geschrieben waren. Dann führten sie uns zu einem Taxistand und schubsten uns herum. Wir sagten uns, dass wir unbedingt von hier wegmüssten. Wir gingen zum Bahnhof und nahmen einen Zug, der nach Mailand und dann in die Schweiz fuhr. Ich kam am 14. September im Zentrum an.

Zurzeit wache ich mitten in der Nacht auf und habe Albträume. Ich bin immer am Ersticken, wie im Container. Ich muss das Licht anmachen, um zu sehen, dass ich nicht in einem verschlossenen Container bin. Ich kann mir nicht vorstellen, nach Kroatien zurückzukehren.

Das, wovor ich in Burundi geflohen bin, habe ich in diesem Land wiedergefunden. Es ist, als würde man jemanden zurück in den Tod schicken.


On avait de la peine à respirer

„Ce que j’ai fui au Burundi, je l’ai retrouvé dans ce pays. C’est comme si on renvoyait quelqu’un à la mort“, dit T. dans un témoignage sur son expérience en Croatie (voir ci-dessous). En Croatie, T. a subi des traitements inhumains infligés par la police. Malgré cela, le Secrétariat d’État aux migrations veut la renvoyer là-bas. „La Croatie est un État de droit avec un système judiciaire qui fonctionne. Si vous vous sentez traité de manière injuste ou illégale par les autorités croates, vous pouvez déposer un recours auprès du service compétent“ écrit le SEM dans les décisions négatives.

„Je suis parti du Burundi en avion pour atterrir en Serbie car il est possible d’aller en Serbie sans visa et d’y rester pendant 2 mois. Je voulais venir en Suisse… un pays qui respecte les droits de l’Homme et où l’on parle ma langue, le français. Etant Tutsi, je fuyais les persécutions que nous continuons à subir de la part de la majorité Hutu. Au Burundi, seule la majorité a la parole ; il n’y a plus de radios indépendantes. Si tu es dans l’opposition, tu risques ta vie.

Le passeur que nous avons trouvé à Belgrade nous a fait prendre un bus jusqu’à la frontière avec la Bosnie. Ensuite notre groupe de 20 à 30 personnes s’est mis en route et a marché environ pendant deux jours jusqu’à la frontière avec la Croatie. Là, nous avons été arrêtés par des policiers croates qui nous ont menacés avec leurs pistolets, lâchant sur nous leurs chiens et nous rouant de coups de pied. Ils nous ont fait monter dans une camionnette, assis serrés. On avait de la peine à respirer. Il faisait chaud, le soleil tapait… un vrai cauchemar. Nous n’avions rien à boire et quand nous avons demandé de l’eau, ils nous en ont jeté au visage. Les policiers nous ont pris nos téléphones et nous ont chassé dans une forêt, nous frappant et même tirant avec leurs pistolets, juste à côté de nos têtes. Nous avons demandé nos téléphones pour pouvoir nous orienter… mais ils n’ont pas voulu. Un de mes amis a été poursuivi par un chien et est tombé dans la rivière. Il est mort. D’autres ont été tabassés, blessés. Dans la forêt on a dormi, on a marché. Le matin, on avait soif, on a marché pour essayer de trouver une route. On voyait une route, mais on ne savait pas où elle allait. Pas d’eau, pas de nourriture. Le passeur était parti. Nous avons suivi cette route et tout à coup une voiture de police est arrivée. Les policiers nous ont jetés à terre et ont lancé loin nos sacs. Femmes, enfants, tous… ils nous ont mis dans une camionnette ressemblant à un container. On était entassés comme des animaux. Il faisait tout noir, il n’y avait pas d’air, c’était très difficile de respirer. Je me suis évanoui. Les policiers riaient, se moquaient de moi. Ils nous emmenés à un poste de police. Ils nous ont enfermés et on y est resté 24 heures. On a dormi par terre. C’était très compliqué pour avoir le droit d’aller aux toilettes. Nous étions 30-40 personnes. Ils ont pris nos empreintes et nous ont donné des papiers écrits en croate. Ensuite, ils nous ont amenés à une station de taxi en nous bousculant. Nous nous sommes dit qu’il fallait absolument partir d’ici. Nous sommes allés à la gare, avons pris un train qui allait jusqu’à Milan puis en Suisse. Je suis arrivé au centre le 14 septembre.

Actuellement, je me réveille au milieu de la nuit en faisant des cauchemars. Je suis toujours en train d’étouffer, comme dans le container. J’ai besoin d’allumer la lumière pour voir que je ne suis pas dans un container fermé à clef. Je ne peux pas imaginer retourner en Croatie.

Ce que j’ai fui au Burundi, je l’ai retrouvé dans ce pays. C’est comme renvoyer quelqu’un à la mort“.